Histoire de la commune et mise en place de l'urbanisation

De la paroisse à la commune du  Fidelaire, le territoire s’est formé par défrichement progressifs de ses espaces boisés. Bourg important et prospère au 19èmesiècle, il a connu un déclin démographique important jusque dans les années 1980.

1. Le "Fi de l'Aire"

 Du « Fi de l’Aire » au Fidelaire

 

1.1. Premières occupations et patrimoine archéologique

Les recherches archéologiques laissent supposer une occupation précoce du Fidelaire, remontant au moins à l’époque gallo-romaine. Une présence humaine lors de la période protohistorique n’est pas exclue. Cette hypothèse peut être rapprochée de l’abondance du minerai de fer dans cette partie de l’Eure.

La réglementation sur l’Archéologie Préventive prévoit que l’absence d’information sur les sites archéologiques ne signifie aucunement l’absence de possibilités de mise à jour de vestiges à l’occasion de travaux futurs. Les travaux projetés susceptibles d’affecter des éléments du patrimoine archéologique rentrent dans le champ d’application de la réglementation relative à l’archéologie préventive (Loi 2001.44 du 17/01/2001 et ses décrets d’application).


Carte 1

Le service régional de l’Archéologie a recensé 6 sites au Fidelaire :

001 : Le Buquet : enclos circulaire (32 m de diamètre) – prohistoire ? prospection aérienne 1990

002 : Les Marettes : enclos - datation indéterminée – prospection aérienne 1998

003 : La fosse à la Roche, la fosse à la Pierre : monument mégalithique détruit ? (localisation incertaine)

004 : Hameau du Chatellier : enceinte fossoyée rectangulaire – datation indéterminée

005 : Le Champ des Pots : occupation gallo-romaine (tuiles romaines,

 006 : Église Saint-Eloi – inscrite MH en 1961

1.2. Du « Fi de l’Aire » au Fidelaire

Le nom de « Fidelaire » est attesté tardivement, sous la forme Faidelere en 1230, puis sous une forme latinisée Fagus arece en 1248.

Formé par défrichements dans la forêt, le territoire du Fidelaire doit probablement son nom à l’un des hêtres qui a couvert son emplacement. L’origine du toponyme viendrait en effet de deux éléments :

  • Fai- : l'ancien terme pour « hêtre » ou « hêtraie », c'est-à-dire fay (anciennement fai), ayant parfois évolué en fy, notamment en Haute-Normandie. 
  • La forme latinisée Fagus arece semble indiquer que le second élément est le mot « aire » (area en latin).

Le Fidelaire serait donc « Le Fi de l’Aire », c'est-à-dire le hêtre de la place où les paysans se retrouvaient pour battre le blé.

Historiquement, Le Fidelaire constituait l’une des cinq chapelles au milieu de la forêt de Conches, et qui furent données en 1123 à l’abbaye de Conches. La paroisse du Fidelaire a été créée en 1234.

            1.3. Sous le patronage de Saint-Eloi et de Sainte-Barbe

L’histoire du Fidelaire montre un lien étroit avec l’activité d’extraction et le travail du minerai de fer. Ainsi, lors de sa création en 1234, la chapelle du Fidelaire est placée sous la protection de Saint-Eloi.

Par ailleurs, l’église abrite encore aujourd’hui une statue de Sainte-Barbe, la patronne des minerons.

2. Le Fidelaire aux 18ème et 19ème siècles

Un bourg rural important et prospère

Au 18ème siècle, le « village-clairière » du Fidelaire est ponctué de hameaux installés de façon régulière sur les espaces défrichés de son territoire.

Le bourg se situe sensiblement au centre de la commune, le long de la principale voie de desserte, laquelle deviendra RD23, à l’écart des masses boisées et en retrait du talweg principal.

Vaste territoire, Le Fidelaire compte plus de trente hameaux dont l’implantation se situe principalement le long de la RD23 ainsi qu’au carrefour des voies secondaires.

A l’aube de la Révolution, Le Fidelaire est une paroisse importante. On y dénombre 460 feux (soit environ 2300 habitants) quand Le Neubourg n’en compte que 353. 

Le territoire est alors porté par une économie rurale diversifiée et prospère, s’appuyant sur ses atouts naturels : agriculture (céréales, lin, chanvre, tissage pour les draperies de Louviers...), forêt (bûcheronnage, sabotiers,...), ressources souterraines (une tuilerie, exploitation de mines de fer, fabrication de clous...). Les 23 500 pommiers recensés fournissent le cidre local. Et, selon certains sources, il y aurait également eu de la vigne au Fidelaire. 

Physonomie générale du Fidelaire au 18ème siècle​

La Carte de Cassini montre un territoire dont la physionomie est globalement figée au 18ème siècle, avec une masse boisée importante, une clairière parsemée de multiples hameaux et un talweg marqué.

Le bourg du Fidelaire constitue le pôle d’habitat principal, tandis que l’on dénombre quatre fiefs répartis de façon régulière dans la clairière (La Balivière, Le Bocquet, L’Épinette, Frémontel). De multiples petits hameaux parsèment également le territoire.

A la différence de ce que nous connaissons aujourd’hui, le territoire est déboisé au niveau de sa jonction avec la vallée de la Risle à l’Ouest en limite de Champignolles.

En terme d’infrastructure, le tracé des actuelles RD140 et RD830 n’apparaît pas. Seule la RD23 (Breteuil – La Ferrière sur Risle) dessert le territoire, affirmant l’inscription de la  commune au cœur d’une industrie métallurgique alors à son apogée.

Extrait de la Carte de Cassini (18ème siècle)

Extrait de cassigny 

            

Grâce à la présence de minerai de fer, Le Fidelaire profite d’une industrie métallurgique en plein essor depuis la fin du Moyen-âge. Le lien avec les centres industriels proches est, à cette époque, très fort, notamment avec La Ferrière-sur-Risle : la forêt de Conches fournit la matière première, autant pour le travail métallurgique que pour la combustion des hauts-fourneaux.

Si l’activité métallurgique montre de légers signes de faiblesse à la fin du 19ème siècle, Le Fidelaire n’en demeure pas moins un bourg conséquent. Le commerce se développant, la commune compte alors 43 patentés, un marché hebdomadaire et une foire annuelle. 

La forme urbaine tend à évoluer en même temps que les activités se diversifient : commerces et échoppes prennent place en rez-de-chaussée des façades alignées le long de la place centrale du Bourg.

Cette prospérité fonde le développement d’une bourgeoisie locale, qui marque sa différence sociale à travers des constructions plus « cossues », sur le modèle parallélépipédique des « maisons de maître », au carré en milieu de parcelle, entourées d’un parc d’agrément. La commune, prisée pour son environnement, devient également lieu de villégiature : on voit s’y construire quelques grandes et belles demeures, un peu rapidement qualifiées de « château » : il en va ainsi du « château Sophie Germain », une pension de vacances pour instituteurs, ainsi que du « château Mulet » (dit « petit château rose »), qui fait alors office de maison de chasse.

Le développement des postes et télécommunications ainsi que l’avènement du rôle politique des communes et de l’école républicaine voient par ailleurs la centralité du bourg confortée par l’édification de différents bâtiments, construits en brique selon l’usage d’alors : la maire / école, ainsi que la maison des postes et télécommunications, tout près de l’église.

3. Arrivée et départ du chemin de fer 

 La ligne Conches – Saint-Martin-d’Ecubei

 

En même temps que la commune se trouve mieux connectée à Évreux et Conches par la route, Le Fidelaire  bénéficie au 19ème siècle de l’arrivée du train. En 1866, la ligne Évreux – L’Aigle (section Conches – Saint-Martin-d’Ecubei à) traverse la commune et une gare est construite en 1873 au bourg, près de la mairie, permettant aux Fidelairiens d’être connectés à Conches, mais aussi à Paris, Caen et Cherbourg.

La présence de cette gare souligne l’importance de la commune du Fidelaire à cette époque, reconnue comme un bourg structurant et participant du maillage territorial départemental.

La ligne assure le transport des voyageurs ainsi que celui des marchandises, stockées dans un vaste hall près de la gare et aujourd’hui démoli.

Le réaménagement progressif du réseau ferroviaire au sortir de la 2nde Guerre Mondiale  conduit à fermeture de la ligne L’Aigle – Conches. Comme nombre de communes du département (Le Neubourg, Pont-Audemer...), la commune du Fidelaire n’est désormais plus desservie par la train.

Les traces de ce passé ferroviaire demeurent aujourd’hui encore visibles :

< >Désaffectée, la ligne ferroviaire a été pour partie reconvertie en Voie Verte.  Les 2 bâtiments de la gare ont été reconvertis, pour l’un en habitation, pour l’autre en gîte rural. Enfin, les quatre maisons de garde-barrière sont devenues habitations.             

Physionomie générale du Fidelaire au 19ème siècle

A la fin du 19ème siècle, le réseau d’infrastructures est marqué par la « saignée » de la ligne de chemin de fer Évreux – L’Aigle, qui « découpe » le territoire en deux parties.

La commune est également désormais traversée par les (futures) RD830 et RD140, bénéficiant ainsi d’une meilleure connexion à Conches.

Organisé en de multiples hameaux, l’espace bâti s’est par ailleurs développé le long d’un nouvel axe orienté Nord-Sud  et qui assure la jonction entre les (actuelles) RD830 et RD140 : la Grande Rue (actuelle RD37).

Traditionnellement groupé au carrefour des principales voies routières de desserte, le tissu bâti s’est également installé le long de la Grande Rue. Dans un souci d’économie de l’espace agricole et afin d’y accéder aisément, l’organisation du bâti laisse deviner une trame de chemins ruraux qui organisent la transition entre tissu bâti et plaine cultivée.

Au bourg, l’organisation est resserrée autour de l’église, de la gare et de la place de la mairie.

Dans les hameaux, l’habitat est diffus : cultures, prés-vergers et herbages alternent avec le bâti et l’encadrent.  

 

Extrait de carte de l’État-major (1820-1866)

Carte

[1] Source : Charpillon & Caresme, Département de l’Eure : Dictionnaire des communes de l’Eure, 1879. 

Date de dernière mise à jour : 30/05/2017

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